Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

Album de famille.

La vie c’est ….

La vie, normalement c’est ça : Un point A ————————— vers un point B. Sauf que Xavier, son problème, c’est le point B. La vie, c’est toujours aussi compliqué ! A 25 ans, on suivait les tumultes de sa vie d’étudiant expatrié dans l’Auberge Espagnole ; à 30 ans, il se décidait malgré tout à choisir une relation promise au bonheur avec la jolie Wendy dans les Poupées Russes et là, à 40 ans, c’est malheureusement sur le divorce avec Wendy que s’ouvre ce Casse-tête chinois de Cédric Klapisch.

 

Jeudi 5 décembre, séance de 10h20 au Pathé Wepler, Paris 18ème.

Peu de monde à cette heure là, c’est là que le chômage a ses avantages, il permet normalement d’aller voir les films qu’on attend depuis longtemps en toute tranquillité. Je dis normalement car ce serait sans compter sur le petit vieux qui malgré ses sympathiques sourires, a raclé sa gorge toute la séance durant, bruits de succion en bonus et pépite de la pépite, pour ma grande surprise, a aussi joyeusement lâché deux petits pets pendant le film… Et dire que d’habitude, je perds mon énergie à pester contre les bruits de pop corn ou les papiers de bonbons qu’on enlève si précautionneusement alors qu’il faudrait juste tirer d’un coup et ainsi gentiment abréger ma souffrance…

La vie est compliquée.

Enfin surtout pour mon pote Xavier. Oui j’ai décidé de l’inclure dans le cercle de mes amis tant j’ai l’impression de bien le connaître celui là. Toujours un peu indécis, il subit les aléas de la vie, les provoque sûrement un peu mais retombe assez bien sur ses pattes. Comment il va ? Et bien, plutôt mal d’abord. Parce que oui, tu vois, il vivait le parfait amour avec Wendy, -mais si tu sais, la très jolie rousse qu’il avait rencontrée pendant son année Erasmus à Barcelone-. Oui tu vois, ça a été assez dur pour lui de s’en rendre compte mais ils étaient à priori fait pour être ensemble. Bon voilà, ils ont eu deux enfants mais là, ça va plus. Et Wendy, elle a décidé d’aller vivre à New York. Oh elle abuse… Oui enfin bon, en même temps, elle vivait à paris depuis tout ce temps juste pour Xavier. Enfin voilà, Xavier, il veut pas reproduire les erreurs de son père donc il part vivre de l’autre côté de l’Atlantique juste pour être près de ses enfants. Oui, Xavier, il est toujours aussi beau et en plus il agit de façon encore plus charmante avec l’âge. Oui oui. Et ce qui est chouette c’est que Isabelle, tu sais sa super pote homosexuelle, et bien elle aussi, elle vit à New York… alors autant te dire que ce Casse-tête chinois a aussi des allures d’album de famille, et encore plus quand la pétillante Martine arrive et sème son grain de sel dans l’histoire…

J’ai aimé. Quel soulagement intense de voir que Cédric Klapisch s’est emparé de cette suite avec autant d’enthousiasme que les deux premiers volets ! Il faut dire qu’il y a mis les bons ingrédients. Ne serait ce que l’attente. Le temps. L’Auberge Espagnole sortait en salle en 2001 et depuis, les personnages ont eu le temps de grandir, de vieillir, et de nous manquer. L’absence a du bon. Cédric Klapisch affirme même avoir voulu attendre que ses comédiens vivent de nouvelles expériences dans leur propre vie afin de nourrir leurs personnages. Romain Duris notamment. « (…) je me disais que ce serait bien d’attendre que les acteurs aient des enfants dans la vraie vie, notamment Romain. Je n’aurais peut-être pas refait ce troisième film s’il n’avait pas eu d’enfants. » Et puis les comédiens voulaient à nouveau jouer ensemble sous la direction de Klapisch, et cette cohésion se ressent énormément à l’écran. Enfin, Klapisch a su garder toute l’originalité de son cinéma, et ne s’est pas désorienté face à la pression attendue devant une telle suite. Il a su adapter son écriture et a délaissé la spontanéité qui avait fait la fraîcheur des deux premiers opus pour se concentrer sur un scénario plus élaboré et plus mature pour Le casse-tête chinois. J’aime les cinéastes avec une « pâte », et j’aime définitivement le cinéma de Klapisch. Il sait user de stratagèmes visuels et affectionne toujours autant les astuces graphiques mais sait aussi parler avec simplicité de réalisme. Il sait filmer le quotidien et les gens tels qu’ils sont. Et créé des films miroirs. Pas étonnant que le programme Erasmus ait vu envoler son nombre d’adhésion dans l’année qui a suivi la sortie de l’Auberge espagnole, et avec ce troisième volet de la « trilogie des voyages de Xavier » comme il aime l’appeler, c’est toute la question d’une génération ayant grandi avec l’idée de mondialisation et du voyage qui est abordée. Pas de frontières, les citoyens du monde sont de retour.

Pour aborder New York, Cédric Klapisch a voulu travailler sur des codes couleurs très recherchés et s’est très vite inspiré du photographe Alex Webb de l’agence Magnum. « Pour moi, c’est un maître absolu dans l’art de décrire la vie comme un gros bordel tout en composant ses images de façon extrêmement sophistiquée. Je voulais utiliser ça visuellement parce que pour moi New York raconte le combat de l’ordre et du chaos qui ressemble étrangement aux problèmes de Xavier. »

Alex Webb, Havana, 2008
Les codes couleurs & cadrages compliqués d’Alex Webb ont inspiré le réalisateur du Casse-tête chinois (Alex Webb, Havana, 2008)
Alex Webb, Sancti Spiritus, 1993 (Boys and Bikes)
Alex Webb, Sancti Spiritus, 1993 (Boys and Bikes)

 

 

Humour & Mélancolie. Un brin de nostalgie. Beaucoup d’avenir. C’est désormais l’idée de la filiation, ces liens entre les générations qui animent Xavier, Wendy, Isabelle & Martine. Les clins d’oeil au passé sont parfois rieurs, et souvent mélancoliques. L’insouciance a laissé la place à la recherche de la stabilité. Si le scénario possède quelques facilités ou de petites incohérences, elles sont vite balayées par le ton ouvert et drôle du film. Et puis, point très important à mes yeux, je souligne avec grand plaisir, la construction d’une vraie fin qui clôture cette trilogie, rassasiant mon appétit de spectatrice. Car rien n’est plus crétin que de faire des suites dans l’optique de faire encore d’autres suites. Non ? S’il peut en dérouter certains par le changement de ton dans cette trilogie, pour ma part, ce Casse-tête chinois a déplié ses énigmes avec plaisir, laissant le sentiment joyeux d’avoir retrouvé des super potes. Un bel album de famille, en voyage…

 

Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

Le Casse-tête chinois, Cédric Klapisch

 

 

Le site officiel du film

Le site de Cédric Klapisch

 

EnregistrerEnregistrer

The Happy Show, Gaîté Lyrique

The Happy Show, Stefan Sagmeister

Vous reprendrez bien un peu de bonheur ?

Qui a déjà fait un tour à la Gaîté Lyrique ? Pour moi, c’était une première et j’avoue avoir très bien choisi ma rencontre avec ce lieu. Sous le signe du bonheur. Oui oui. Rien que ça…

Car la Gaîté Lyrique accueille un des graphistes les plus connus à travers le monde, Stefan Sagmeister, plus en tant qu’artiste contemporain que designer, afin d’aborder cette notion si relative qu’est le bonheur. le bonheur est-il lié à la génétique, au lieu où on vit, à notre relation amoureuse, suite à une séance de méditation ou juste en étant plus spontané ? L’artiste fait le tour de sa pensée, s’appuie sur des études -et juste sur celles qui lui plaisent-, écrit, dessine sur les murs, nous invite à partager avec lui ses doutes, ses contradictions…tout en nous faisant réfléchir.

Une exposition contemporaine drôle, belle & participative

J’avoue avoir été totalement sous le charme. Emballée par une scénographie originale et ludique, par les textes de Sagmeister absolument brillants d’ingéniosité et de second degré, enfin par des oeuvres contemporaines accessibles et intéressantes. Dès le début de l’exposition, le ton est donné. Du jaune partout, de la photo et des installations, des vidéos, de la musique, et surtout des messages dessinés au feutre noir partout sur les murs, en guise de cartels. Partout. L’artiste est passé par là, on ne fait que fouler ses pas…et sa pensée. Dès l’entrée de l’expo, il se présente d’ailleurs sur le premier mur de façon directe et peu à peu ses interrogations sur le bonheur remplissent l’espace. Des constats personnels, des commentaires d’études l’amènent à s’interroger, et nous aussi. Librement. Bienvenue dans votre psychanalyse !

Et là où l’exposition touche un point très intéressant, c’est dans sa mise en scène et son propos. Si les observations, très intimes de Stefan Sagmeister, auraient pu verser dans le voyeurisme et la mégalomanie, il n’en est rien ! Pourquoi ? Tout simplement car l’exposition est participative. Et oui Lucette, le voyage dans cette expo, il se fait ensemble. Parce que Sagmeister nous invite à appuyer sur des boutons d’où sortent des cartes à messages, parce qu’il nous sollicite pour pédaler ou prendre un chewing gum, le tout afin de délivrer un message lié au bonheur, enfin parce qu’il nous fait sourire devant des lettres qui se colorent selon le degré de notre banane, et enfin parce qu’on ne repartira pas sans un des bonbons indonésiens préférés de l’artiste… -au passage, j’attends vos avis sur le bonbon en question…il réserve quelques surprises gustatives, voilà, ça y est, j’ai éveillé votre curiosité- Le but de l’artiste est de nous inclure dans ses projets et il y arrive parfaitement. Ses obsessions personnelles nous touchent, et font aujourd’hui écho en prenant pour pied à terre un pays en Europe où le bien être fait régulièrement partie des plus mauvais indicateurs.

Des observations simples…

…qui si elles ne changeront pas votre quotidien et ne vous rendront pas plus heureux, vous feront au moins passer un bon moment. Le graphiste autrichien ne s’est donné aucune limite pour faire dialoguer les formules qui pourraient le mener au bonheur. Et a même rédigé tous ses textes en français sans le parler ! Aidé des équipes de la Gaîté Lyrique, il s’est plié en quatre pour nous parler et on ne cache pas notre joie de le découvrir ! Mur des statistiques (non homologué mais référencé), culture de l’effort et du bonheur, et parcours parmi ses innombrables notes qui parsèment ses cahiers, pour faire connaissance avec lui, et avec nous même.

« Se plaindre, c’est idiot, mieux vaut agir ou oublier. Je suis arrivé à la conclusion que se plaindre est une des façons de communiquer les moins utiles qui soient : le fait de me plaindre n’améliore jamais mon humeur, agace les personnes auprès desquelles je me plains et il est clair que ça ne change rien à ma situation. »

« Il est à peu près impossible de faire plaisir à tout le monde. »

« Vouloir faire bonne impression limite ma vie. J’éprouve le besoin de toujours paraître gentil. Je suis conscient que ce besoin m’enferme. (…) « 

« Faire le premier pas »

En bref, un expo qui donne la banane !

The Happy Show, une exposition de Stefan Sagmeister à la Gaîté Lyrique (Métro Réaumur-Sébastopol)

Jusqu’au 9 mars 2014

The Happy Show, Gaîté Lyrique
The Happy Show !

The Happy Show, Gaîté Lyrique

The Happy Show, Gaîté Lyrique
Prenez une carte !
The Happy Show, Gaîté Lyrique
Sois plus souple !
The Happy Show, Gaîté Lyrique
Les méandres de l’esprit et du bonheur
The Happy Show, Gaîté Lyrique
Il est à peu près impossible de faire plaisir à tout le monde
The Happy Show, Gaîté Lyrique
S’entraîner au bonheur
The Happy Show, Gaîté Lyrique
Stefan Sagmeister est partout !
The Happy Show, Gaîté Lyrique
Le mur des statistiques (non homologué)
The Happy Show, Gaîté Lyrique
Prenez un chewing gum Emile !
The Happy Show, Gaîté Lyrique
Les trophées de l’expo !

 

Toutes les informations pratiques sur le site de la Gaîté Lyrique

Le site de l’agence de Stefan Sagmeister

 

EnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrerEnregistrer

La couronne verte, Laura Kasischke

La Couronne Verte, Laura Kasischke

Very bad trip.

Anne, Michelle & Terri partent au Mexique pour leurs vacances de Printemps, prétexte festif et initiatique avant l’entrée à l’université. Alors que Terri ne jure que par les cocktails, la plage et les garçons, Anne & Michelle se laissent entraîner par un étrange inconnu à la découverte des ruines de Chichen Itza… 

Nouvelle chronique sur un roman de Laura Kasischke après Un oiseau blanc dans le blizzard et Esprit d’Hiver. Impossible maintenant de cacher mon admiration pour la plume de cette auteure. Et justement. Des plumes, il y en a dans ce roman, des plumes vertes comme les porte le Quetzalcoatl, cette divinité mi oiseau mi serpent, vénérée par les mayas. Le vert hypnotique, les plumes. Ce leitmotiv rythme le livre comme Kasischke aime le faire, afin de faire monter l’angoisse, la crainte. On la sait coutumière du fait, elle aime créer des ambiances faites de risques où tout peut basculer à n’importe quel moment. Les vacances de Printemps sont un bon moyen de plonger ses personnages vers des profondeurs incertaines. Car si les conseils parentaux étaient pourtant clairs, face à la réputation sulfureuse de ce voyage quasi initiatique, les précautions réelles et obligatoires, les filles ne les respecteront pas. Et les mises en garde résonneront longtemps dans leurs têtes. Se méfier des inconnus, surveiller son verre, éviter la drogue et les mauvaises influences. Et surtout s’occuper de ses amies. Ne pas les perdre de vue.

« Finalement, aucune d’entre nous ne prit de décision. Nous savions néanmoins que nous irions à Chichén Itza dans la voiture d’un inconnu le lendemain matin. »

Récit anxiogène forcément. Parce que Anne et Michelle vont partir seules de leur côté. Parce qu’elles vont suivre un inconnu. Et aussi surtout, et c’est là que l’on retrouve l’univers si mystérieux de Laura Kasischke, parce que Michelle va se trouver un attachement tout particulier, presque indéfinissable et irraisonné, pour la culture des sacrifices violents faits au dieu Quetzalcoatl, ce qui provoque chez Anne une lente et profonde angoisse. Car Michelle a un passé tumultueux, un père inexistant et pour mille autres raisons insoupçonnées, sa sensibilité se trouve exacerbée à son arrivée sur les fascinantes ruines de Chichen Itza. La montée en puissance et en parallèle, de la fascination pour Michelle & d’une terrible inquiétude pour Anne est le grand talent de ce roman. Le suspense monte vite, la lecture se fait rapidement et l’idée d’envelopper une histoire de base plutôt banale d’une coquille de mythologie, prête à se rompre ou à enfermer est pour le coup, très innovante.

« Si tu te tournes par là, (…) tu peux apercevoir les cenotes. C’est la bouche qui recueille l’eau des cieux et qui donne son nom à Chichén Itza. Ce sont les puits où on emmenait les vierges à sacrifier. Les puits renferment leur cadavre, leurs bijoux et leur dernière chanson. On conduisait cinquante ou soixante jeunes filles en une journée dans une procession qui traversait la jungle. Elles portaient une robe blanche, décorée de fleurs et d’or. On les jetait dans les puits les unes après les autres lors d’une cérémonie qui faisait d’elles les épouses de Quetzocoatl. Elles avaient peut-être choisi leur sort et s’y précipitaient avec joie. Ou peut-être qu’on les droguait pour les forcer à accepter le sacrifice. »

Peut-être moins poétique que ses autres romans, sûrement plus basique aussi dans l’intrigue de base, La Couronne Verte sait néanmoins déployer des rebondissements intéressants. Pour ma part, j’en retiendrais surtout la capacité toujours envoûtante de Laura Kasischke d’immiscer la magie et le mystérieux dans le quotidien et la réalité. Sans faire de ses romans des oeuvres fantastiques (au sens du genre entendons nous). Etrange comme ce livre a continué à me travailler après avoir passé la dernière page. La magie si magnétique du Quetzocoatl recouvre le destin des deux héroïnes. De ses larges plumes vertes.

La Couronne Verte, Laura Kasischke

La Couronne Verte, Laura Kasischke

 

 

Vous souhaitez continuer votre lecture ? Allez lire mon avis sur Un oiseau blanc dans le blizzard, Esprit d’Hiver de Laura Kasischke.

 

 

Raymond Depardon, Grand Palais

Raymond Depardon, Grand Palais

Un moment si doux…

C’est une chouette exposition dont je vous parle aujourd’hui. Si elle rassemble presque 160 oeuvres d’un monstre de l’image, je l’ai trouvée plutôt intimiste, quasi confidentielle. Bien plus petite que je ne le pensais en fait. Une expo de l’intime. Comme s’il nous était possible d’accéder à des trésors cachés du photographe Depardon et cela sous le signe de la couleur. La couleur comme leitmotiv, comme fil rouge d’une oeuvre puissante et reconnue.

« Je ne savais pas que j’étais un photographe de la couleur. Elle était pourtant là. Dès les premières images », Raymond Depardon.

La scénographie, très épurée, nous guide de façon temporelle, d’une étape de la vie du photographe à une autre, d’un projet à un voyage…laissant chaque fois une trace photographique. Les couleurs de son enfance d’abord, de la ferme où il a vécu, puis la couleur des reportages qui l’ont conduit à Paris et à l’Etranger. Le Chili, Beyrouth ou la très belle série de Glasgow sont des infiltrations dans la vie. En marge des événements pour mieux capter la couleur du temps et la vibration des gens. Raymond Depardon choisit alors de s’éloigner du reportage, pour entrevoir une autre forme de document. Il laisse sa chance à « son premier regard »…et change ses manières de photographier. Habitué aux villes du sud et aux déserts, la ville de Glasgow l’oblige à revoir son approche. Plus méthodique, presque anthropologique, il s’attache aussi à imprimer la lumière si particulière des villes du nord, crue et froide, tellement intense. Cette série est une de mes préférées de l’exposition.

« La couleur est la métaphore de la curiosité » Raymond Depardon

Enfin, il faut attendre les années 2000 pour que la couleur s’immisce à nouveau dans le travail de Depardon. Elle n’est plus attachée à une quête journalistique mais à une expérience personnelle. Et c’est là aussi que l’exposition prend toute son envergure car en plus d’exposer des clichés non publiés jusqu’à présent, elle a aussi été le prétexte pour Raymond Depardon afin de retourner dans des villes qu’il affectionne (Hawaï, Ethiopie…) et de capturer des instants colorés comme autant de moments sensoriels. Sans contraintes. Une approche toute personnelle et inédite. Donc forcément touchante. Un moment si doux…

Exposition « Raymond Depardon, Un moment si doux », Grand Palais, Galerie Sud-Est, entrée Winston Churchill

Jusqu’au 10 février 2014

Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 20h, et nocturne jusqu’à 22h le mercredi.

Raymond Depardon, Grand Palais

Raymond Depardon, Grand Palais

Raymond Depardon, Grand Palais
Autoportrait au Rolleiflex (posé sur un mur),
1er scooter de marque Italienne « Rumi », avec étiquette de presse sur le garde-boue. Île Saint-Louis. Paris, 1959
Raymond Depardon
© Raymond Depardon / Magnum Photos

Raymond Depardon, Grand Palais

Raymond Depardon, Grand Palais
Sur la route avant La Paz, Bolivie, 2005
Raymond Depardon
© Raymond Depardon / Magnum Photos

Raymond Depardon, Grand Palais

 

Toutes les informations sur le site du Grand Palais

 

Pixar mon amour, Musée Art Ludique

Exposition Pixar, Musée Art Ludique

Les 25 ans d’animation de Pixar

Inaugurée en 2006 au MOMA à New York, l’exposition des 25 ans d’animation de Pixar s’est aujourd’hui bien étoffée ! Et c’est avec encore plus de folie, de personnages croqués et d’anecdotes que nous avons aujourd’hui la chance de découvrir ces oeuvres au Musée Art Ludique à Paris. Et pour un événement, c’en est un puisque l’exposition marque aussi l’inauguration de ce nouveau lieu sur la capitale, mettant enfin à l’honneur des arts un peu oubliés des musées, ceux des films d’animations, bandes dessinées, et jeux vidéos. Alors, forcément, avec mes antécédents, bercée depuis bien trop longtemps par les films d’animation et en stop motion, suspendue aux bulles des BDs, et la tête dans les nuages, autant vous dire que j’avais réservé mes entrées depuis un moment.

Et je n’ai pas été déçue. Quel plaisir de se fondre dans l’univers Pixar, avoir l’impression de traverser les studios pour découvrir une multitude de dessins, peintures & sculptures (plus de 500 au total !). L’exposition n’est en effet pas avare d’exemples et c’est la richesse des collections qui saute d’emblée aux yeux (ébahis)…

« Pour réaliser un vrai bon film d’animation, je pense qu’il y a trois points importants à suivre. » L’histoire, les personnages & l’univers du film. Voilà les bases selon John Lasseter, réalisateur, producteur…et surtout directeur artistique de Pixar Animation. Trois points que l’exposition se charge de suivre à la lettre pour structurer notre visite…

« Raconter une histoire captivante »

La grande force de Pixar me semble-t-il est de raconter des histoires avec différents sens de lecture imbriqués. Ainsi, les enfants, les grands enfants et les parents sont tous des spectateurs de Pixar pour des raisons différentes. Si les petits s’attacheront à des rebondissements pleins de charme ou des situations drôles, les autres riront sous cape de la blague sous entendue par les scénaristes et des liens habilement faits avec l’actualité… Quand Wall-E raconte autant une histoire tendre entre deux robots que l’histoire d’une planète qui se meurt, le ton est donné. Quand Les Indestructibles semblent n’être qu’une bonne histoire de super-héros, j’y vois pour ma part une recherche d’obsédés de Comics, s’exprimant avec un graphisme ultra pointu & des références délicieuses…

Toutes ces histoires que les studios Pixar ont créé, vous les retrouvez dans l’exposition. Allez, comme les 7 nains de Blanche Neige, saurez vous me les citer ? Réponse en fin de billet…*

« Enrichir cette histoire de personnages inoubliables »

Et là, attention gros plaisir en perspective. Car les personnages de Pixar, sympathiques ou répugnants, sont tous d’effroyables petites machines de génie ! Sous vos yeux, toutes les ébauches, l’évolution et les recherches en terme de physique, de mimiques, de couleurs de ces personnages. Les différentes têtes qu’auraient pu avoir Sully ou Boo de Monstres et Cie, les mines effarés des poissons du Monde de Nemo, la bonhomie d’Emile, le gentil (gros) rat… Alors oui, autant dire qu’on en prend pleins les yeux ! Surtout qu’en plus de se gargariser de croquis, dessins ou peintures, il y a aussi de magnifiques sculptures en résine qui ponctuent notre déambulation. Les expressions sont à tomber par terre. Je craque. Veuillez me relever s’il vous plaît.

« Introduire ces personnages et leur histoire dans un monde crédible » 

Passées les études de personnages, le scénario bien ébauché, vient l’univers, le monde dans lequel va se déployer le film. Les recherches se font alors sur des planches éludant tous les détails. Les personnages sont réduits à quelques signes distinctifs, laissant la place à l’atmosphère. Atmosphère sombre, colorée, triste ou décalée… Les planches retracent les grandes scènes du film afin de placer l’histoire dans son jus, afin de lui donner un grain, une envergure. Des storyboards d’ambiance, afin de donner une enveloppe au film.

 

Exposition Pixar, Musée Art Ludique

Exposition Pixar, Musée Art Ludique
Disney∙Pixar
Exposition Pixar, Musée Art Ludique
Disney∙Pixar
Exposition Pixar, Musée Art Ludique
Disney∙Pixar

 

 

Enfin, toutes ces oeuvres trouvent un écho dans deux installations inédites et spécialement créés pour cette exposition, le zootrope Toy Story & l’Artscape.

Le zootrope est un jouet optique qui fonctionne sur la persistance rétinienne. Plusieurs images décomposant un mouvement sont mises bout à bout et lorsque la machine se met à tourner, l’oeil les associe pour recréer ce mouvement. Bienvenue dans les prémisses du film d’animation ! Emile Reynaud, en 1892, faisait évoluer cette pratique en praxinoscope avec un système de miroirs pour projeter ses Pantomimes lumineuses dans son théâtre d’optique au Musée Grévin… A leur manière, les studios Pixar ont voulu s’approprier cette magie et ont remplacé les fentes de papier du zootrope (ou les miroirs du praxinoscope) par des rayons lumineux stromboscopiques. Comme un carrousel merveilleux, la machine se met en marche sous vos yeux et peu à peu Buzz l’Eclair, Woody, les soldats de plomb…tous les personnages de Toy Story prennent vie ! Dans le noir de la pièce, je croise encore les doigts pour que personne n’ai vu que je faisais coucou de la main au petit Alien du 1er rang qui me regardait…

L’Artscape, quant à lui, est un court film réalisé par les équipes de Pixar d’après des oeuvres de recherches, esquisses réalisées en peinture numérique ou au pastel qui animées, nous questionnent sur le chemin de l’art numérique et achèvent de nous emporter avec eux dans l’univers Pixar…

 

 

Que vous dire de plus ? Le seul bémol que je peux apporter à cette exposition réside dans sa scénographie car je crois que j’aurais aimé un peu plus de folie, un grain d’excentricité dans le parcours. Mais à vrai dire, ce bémol est assez vite effacé au vu de la richesse des collections. Prévoyez bien 1h, 1h30 pour en faire le tour !

 

Bon, allez, prenez vite vos jambes à votre cou, je ne veux plus vous voir ici, filez au Musée Art Ludique, vous avez jusqu’au 2 mars 2014 !

Exposition Pixar, Musée Art Ludique
Musée Art Ludique, Paris 13ème (Les Docks – Cité de la Mode et du Design © JAKOB + MACFARLANE / Thibaut Vankemmel / Agence Les Barbus)
Exposition Pixar, Musée Art Ludique
Musée Art Ludique, Paris 13ème (Les Docks – Cité de la Mode et du Design © JAKOB + MACFARLANE / Thibaut Vankemmel / Agence Les Barbus)

 

 

*Pari réussi ? Les 10 bébés Pixar sont (sans parler des suites hein !) : Toy Story, 1001 pattes, Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Les indestructibles, Cars, Ratatouille, Wall-E, Là-Haut, et Rebelle !

 

Le site du Musée Art Ludique

Le site des Studios Pixar

Avez vous vu Monstres Academy ? L’avis d’Esperluette, c’est par ici !

EnregistrerEnregistrer