Chaleur Humaine, Christine and the Queens

Chaleur Humaine, Christine and the Queens

Altesse pop

Après trois EP alléchants, Christine and the Queens alias la seule et unique Héloïse Letissier, sort son premier album Chaleur Humaine. Et parce qu’elle est inclassable, pop, chanson, groovy, punk & terriblement irrésistible -seule et plusieurs à la fois-, j’étais donc très impatiente de découvrir son album. Je vous explique en 3 points pourquoi il faut absolument vous pencher dessus :

 

Chaleur Humaine, Christine and the Queens
Chaleur Humaine, Christine and the Queens

 

* Parce qu’elle mélange les sons et métisse les styles / Vous avez beau avoir sorti vos plus beaux post-its et fiches de rangement, impossible de classer son altesse Christine and the Queens. Vous êtes tentés de la ranger dans la pop British mais son amour pour la langue française ressort aussitôt. Pire, lorsque vous croyez entendre des influences RnB, elles sont de suite balayées par des rythmes électros. La reine aime vous perdre dans les méandres de sa musique et s’en amuse, son air malicieux nous l’avait d’ailleurs pourtant prédit. Le résultat ? Elle est capable de mélanger Christophe & Kanye West (Paradis Perdus) pour une reprise étonnante. Bref, Christine and the queens, c’est l’ennemie de la petite main du disquaire qui est chargé de la ranger en rayon.

* Parce que vous aurez envie de danser / Attention aux réminiscences de l’époque Bad de Michael Jackson, Héloïse Letissier est emprunte de son style et de ses mouvements. Elle glisse, saccade son rythme comme un hommage & s’amuse même aujourd’hui d’être perçue comme une spécialiste du maître de la pop. Son dernier clip Saint Claude est d’ailleurs un bel hommage à Michael Jackson. On aime. Héloïse Letissier a fait beaucoup de danse classique puis s’est tournée vers le contemporain. Elle cultive depuis l’androgynie du geste avec la talentueuse chorégraphe Marion Motin (soeur de l’autre talentueuse illustratrice Margaux Motin dont je vous parlais ici, souvenez vous !). Il faut dire que faire les premières parties de Stromae a facilité le pont entre les artistes. Vous avez sans doute été marqués par l’importance de la chorégraphie implacable dans les clips & performances de Stromae, et bien sachez que c’est aussi Marion Motin qui est derrière ces performances visuelles ! Et lorsqu’elle attise la féminité de Stromae dans Tous les mêmes, et bien elle cultive aussi une certaine idée de l’androgynie de Christine and the Queens dans Saint Claude… Est ce que je dois vous préciser que la chorégraphe travaille aussi avec Madonna ? Une chose est sûre, la gestuelle à la rythmique cassée de Christine and the Queens m’hypnotise. Et vous ?

* Parce que Christine and the Queens est comme l’idée d’un tout / Je m’explique : j’aime lorsqu’un artiste pense son art comme un tout. De la création de son personnage -avouez que celui d’Héloïse Letissier en jette comme un patronyme digne de Game of Thrones !-, à la composition de son art -ici, plus que métissé, novateur avant tout-, en passant par un concept de scène & une personnalité tranchée. Christine est Héloïse, et ses Queens permettent toutes les extravagances, toutes les influences. Pourtant elle est seule sur scène. Et produit à chaque apparition une véritable prouesse scénique. A l’image de ses rendez-vous improvisés, comme à la station Saint Claude dernièrement, où elle a invité ses fans au dernier moment via les réseaux sociaux, à assister à un concert improvisé… Son prochain concert programmé dans le lieu très branché et électrique de la Gaîté Lyrique affiche déjà complet… Pour les parisiens, sachez qu’il reste encore quelques places pour le concert à la Cigale le 1er octobre prochain !

Chaleur Humaine, Christine and the Queens

 

Chaleur Humaine, Christine and the Queens
©JEFFHAHN

 

 

Christine and the Queens

Marion Motin

Une interview très intéressante de Christine and the Queens pour Brain Magazine

 

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London Grammar

If you wait London Grammar

… électro-pop planante. 

« London Grammar, c’est vraiment bien, à l’exception faite que la plastique de la chanteuse ne colle pas avec la tessiture de sa voix. Et ça, ça me chiffonne ! » Dixit une amie à moi il y a quelques jours.

Et c’est vrai qu’à l’écoute, London Grammar, ce sont des ambiances veloutées, aux histoires désenchantées, propres aux rêves ou aux univers filmiques… Des chansons aussi profondes que la voix de Hannah Reid, l’interprète -toujours sur le fil- du groupe. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’ils maîtrisent à la perfection les reprises comme celles de Drive avec un Nightcall frissonant ou dernièrement le Devil Inside inquiétant d’INXS pour la série Game of Thrones… Leur univers est imagé & invite à se perdre dans des mélodies bercées par une voix chaude, alternant avec fascination entre le grave et les aigus…

Alors que dans la vraie vie, London Grammar, c’est une sorte de Jules et Jim à la britannique. Version Skins. Mais en plus poétique. Beaucoup plus enchanteur. Où tout a commencé sur les bancs de la fac. Avec recrutement de la chanteuse d’après une photo de profil sur facebook. Blonde. Fine et juvénile. La pépite du groupe. Un physique en inadéquation totale avec sa voix. D’où le charme absolu.

Et voilà né London Grammar, avec Hannah Reid, Dot Major et Dan Rothman.

Oscillant sans cesse entre une pop facile, entraînante & des notes plus intellos aux étendues explosives, la musique de London Grammar s’amuse en effet à déjouer les codes de grammaire si chers à la pop britannique. Tendance électro, puis pop, mélancolique mais aussi solaire (comme dans l’entraînant « When we were young »), toujours savamment dosé. Ils n’hésitent pas à flirter avec le public des grands voix comme Adèle mais accrochent aussi à leur passage les amateurs de musique plus intimiste, dans la lignée minimaliste de The XX ou de la douceur spectrale d’Agnès Obel… C’est que les garçons savent y faire pour mettre en valeur, comme dans un écrin la voix de leur chanteuse. Mais Hannah Reid est aussi compositrice, elle écrit et joue du piano de façon très sensible. Vous connaissez très certainement le refrain irrésistible de « Wasting my young years », écoutez le reste de leur album If you wait, qui vous donnera une impression aussi veloutée et perchée qu’un nuage…

If you wait, de London Grammar -En tournée mondiale à partir de ce mois de mars, et notamment à venir le 31 mai à l’Orangerie du Parc de Bagatelle à Paris (Festival We love Green) & à Hérouville en Normandie le 4 juillet (Festival Beauregard)… Plus d’infos ici ou

Et pour commencer à vous faire une idée, voici le live de « Strong » fait hier soir chez Jimmy Kimmel Live sur ABC :

If you wait London Grammar

If you wait London Grammar

If you wait London Grammar

If you wait London Grammar

 

 Le site, la page facebook et l’instagram des London Grammar

Je vous conseille l’article très inspiré des inrocks sur London Grammar

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Humeurs # J’écoute quoi ?

HollySiz

« Elles » en musique. 

L’EP sorti en mars 2013 était poignant, j’attendais la sortie de Pure Héroïne avec impatience. La jeune néo-zélandaise Lorde, du haut de ses 16 ans, manie les codes d’une esthétique épurée avec grâce. On la compare souvent à ses concurrentes, Miley Cyrus, Lana del Rey ou Lily Allen mais c’est bien mal la connaître, car sa beauté ténébreuse la place sur des créneaux bien plus différents. Là où la musique électronique flirte avec la pop/folk, dans un univers doux et au calme froid, hypnotique et si singulier. Un style non conformiste qui fait du bien. Lointaine cousine des Cocorosie ou Grimes, elle joue d’une plastique polaire, légèrement farouche & presque hautaine. Avec un timbre de voix grave et chaud. Un paradigme qui la rend forcément attirante.

Lorde
« Pure Héroïne », Lorde

 

 

Le site officiel de Lorde, sa page facebook, et Twitter

 

Hollysiz Lorde
« My Name is », HollySiz (Photo ©Dimitri Coste)

La blondeur lui a donné des cordes. Vocales. Son air effronté ne nous était pourtant pas inconnu. Cécile Cassel nous a bien eus. HollySiz est née. Une pop teintée de rock, largement marquée par les musiciens qui la soutiennent dans ce projet, Yodelice et Xavier Caud. Son album My name is est plein d’entrain, des mélodies solaires, parfois rétro, souvent intimistes, toujours entraînantes, terriblement rythmiques. Son nom, il n’y a pas de doute, elle se l’est fait. « +Siz+ c’est mon petit nom depuis toujours, mes amis m’appellent comme ça. +Holly+, c’est le houx en anglais, parce que c’est rouge et que ça pique. Mais c’est aussi le nom de Sissy Spacek dans +Badlands+ de Terrence Malick. Dans le film, Holly prend son destin en main. Parfois, ce n’est pas pour aller du bon côté, mais j’aime cette idée. J’ai l’impression qu’avec cet album j’ai pris les rênes du cheval et que cette fois c’est moi qui dirige. Je ne sais pas pour aller où, mais en tout cas j’ai changé de chemin ». J’aime quand un artiste travaille sa pâte, son accent créatif. HollySiz c’est tout ça. Des références car on ne peut s’empêcher de penser à Blondie en la voyant, à Gossip pour sa ferveur sur scène mais aussi un monde très travaillé. Du rouge, du blanc, des rayures, ça tranche, c’est vif, j’aime.

 

Le site officiel de HollySiz, sa page facebook, et Twitter

 

Agnès Obel
« Aventine », Agnès Obel (Photo ©Katrine Rohrberg)

 

Les ambiances brumeuses, ténébreuses et mystérieuses, voilà ce que m’évoque le second album de Agnès Obel, cette danoise exilée à Berlin. Sortie d’un film de Tim Burton, aux frontières de la mélancolie et d’un spleen malgré tout solaire, sa voix claire et délicate n’est que le moyen de révéler encore plus les magnifiques instruments qui l’accompagnent. Du piano, et la caresse du violon(celle) d’Anne Muller à ses côtés. Véritable indépendante, elle récidive et compose, écrit, produit l’album Aventine presque seule, aidée de sa violoncelliste et de Mika Posen (Timber Timbre). Le résultat est une véritable introspection, intense, hypnotique. Et les mélodies magnifiques. Comme sorties d’un conte. J’aime.

Le site officiel de Agnès Obel, sa page facebook

 

Anna Calvi
« One Breath », Anna Calvi

Enfin, pour terminer cette (courte) sélection musicale d’octobre, un final rock et explosif, la voix pleine de caractère de l’anglaise Anna Calvi. Son second album One Breath est encore l’ocasion de partir à la découverte de cette voix passionnée et fougueuse. Calvi et son double scénique, la timide du quotidien laisse place à la rageuse sur scène, toute empreinte des codes esthétiques du flamenco et de la verve rock. Si je ne suis pas sensible à l’ensemble de ses chansons, je ne peux m’empêcher de rester subjuguée sur certains. Et d’être captivée par l’artiste.

Le site officiel de Anna Calvi, sa page facebook

 

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