Attention voyage intersidéral… Direction une petite planète que nous connaissons très bien & pourtant si peu aussi. J’ai nommé la tour de contrôle des sentiments, soit le grand Quartier Cérébral, là où tout se passe au coeur de notre cerveau. Le pari est osé mais pleinement accompli, voici un dessin animé qui se déroule quasi exclusivement dans une cervelle. Oubliez le sang, les matières molles et qui font peur, Dr Sheperd ne sera pas là non plus. Non ici, Pixar a créé pour Vice Versa un univers magiquement abstrait. Continuer la lecture de « Vice Versa, le dernier Pixar x Disney »
Inaugurée en 2006 au MOMA à New York, l’exposition des 25 ans d’animation de Pixar s’est aujourd’hui bien étoffée ! Et c’est avec encore plus de folie, de personnages croqués et d’anecdotes que nous avons aujourd’hui la chance de découvrir ces oeuvres au Musée Art Ludique à Paris. Et pour un événement, c’en est un puisque l’exposition marque aussi l’inauguration de ce nouveau lieu sur la capitale, mettant enfin à l’honneur des arts un peu oubliés des musées, ceux des films d’animations, bandes dessinées, et jeux vidéos. Alors, forcément, avec mes antécédents, bercée depuis bien trop longtemps par les films d’animation et en stop motion, suspendue aux bulles des BDs, et la tête dans les nuages, autant vous dire que j’avais réservé mes entrées depuis un moment.
Et je n’ai pas été déçue. Quel plaisir de se fondre dans l’univers Pixar, avoir l’impression de traverser les studios pour découvrir une multitude de dessins, peintures & sculptures (plus de 500 au total !). L’exposition n’est en effet pas avare d’exemples et c’est la richesse des collections qui saute d’emblée aux yeux (ébahis)…
« Pour réaliser un vrai bon film d’animation, je pense qu’il y a trois points importants à suivre. » L’histoire, les personnages & l’univers du film. Voilà les bases selon John Lasseter, réalisateur, producteur…et surtout directeur artistique de Pixar Animation. Trois points que l’exposition se charge de suivre à la lettre pour structurer notre visite…
« Raconter une histoire captivante »
La grande force de Pixar me semble-t-il est de raconter des histoires avec différents sens de lecture imbriqués. Ainsi, les enfants, les grands enfants et les parents sont tous des spectateurs de Pixar pour des raisons différentes. Si les petits s’attacheront à des rebondissements pleins de charme ou des situations drôles, les autres riront sous cape de la blague sous entendue par les scénaristes et des liens habilement faits avec l’actualité… Quand Wall-E raconte autant une histoire tendre entre deux robots que l’histoire d’une planète qui se meurt, le ton est donné. Quand Les Indestructibles semblent n’être qu’une bonne histoire de super-héros, j’y vois pour ma part une recherche d’obsédés de Comics, s’exprimant avec un graphisme ultra pointu & des références délicieuses…
Toutes ces histoires que les studios Pixar ont créé, vous les retrouvez dans l’exposition. Allez, comme les 7 nains de Blanche Neige, saurez vous me les citer ? Réponse en fin de billet…*
« Enrichir cette histoire de personnages inoubliables »
Et là, attention gros plaisir en perspective. Car les personnages de Pixar, sympathiques ou répugnants, sont tous d’effroyables petites machines de génie ! Sous vos yeux, toutes les ébauches, l’évolution et les recherches en terme de physique, de mimiques, de couleurs de ces personnages. Les différentes têtes qu’auraient pu avoir Sully ou Boo de Monstres et Cie, les mines effarés des poissons du Monde de Nemo, la bonhomie d’Emile, le gentil (gros) rat… Alors oui, autant dire qu’on en prend pleins les yeux ! Surtout qu’en plus de se gargariser de croquis, dessins ou peintures, il y a aussi de magnifiques sculptures en résine qui ponctuent notre déambulation. Les expressions sont à tomber par terre. Je craque. Veuillez me relever s’il vous plaît.
« Introduire ces personnages et leur histoire dans un monde crédible »
Passées les études de personnages, le scénario bien ébauché, vient l’univers, le monde dans lequel va se déployer le film. Les recherches se font alors sur des planches éludant tous les détails. Les personnages sont réduits à quelques signes distinctifs, laissant la place à l’atmosphère. Atmosphère sombre, colorée, triste ou décalée… Les planches retracent les grandes scènes du film afin de placer l’histoire dans son jus, afin de lui donner un grain, une envergure. Des storyboards d’ambiance, afin de donner une enveloppe au film.
Enfin, toutes ces oeuvres trouvent un écho dans deux installations inédites et spécialement créés pour cette exposition, le zootrope Toy Story & l’Artscape.
Le zootrope est un jouet optique qui fonctionne sur la persistance rétinienne. Plusieurs images décomposant un mouvement sont mises bout à bout et lorsque la machine se met à tourner, l’oeil les associe pour recréer ce mouvement. Bienvenue dans les prémisses du film d’animation ! Emile Reynaud, en 1892, faisait évoluer cette pratique en praxinoscope avec un système de miroirs pour projeter ses Pantomimes lumineuses dans son théâtre d’optique au Musée Grévin… A leur manière, les studios Pixar ont voulu s’approprier cette magie et ont remplacé les fentes de papier du zootrope (ou les miroirs du praxinoscope) par des rayons lumineux stromboscopiques. Comme un carrousel merveilleux, la machine se met en marche sous vos yeux et peu à peu Buzz l’Eclair, Woody, les soldats de plomb…tous les personnages de Toy Story prennent vie ! Dans le noir de la pièce, je croise encore les doigts pour que personne n’ai vu que je faisais coucou de la main au petit Alien du 1er rang qui me regardait…
L’Artscape, quant à lui, est un court film réalisé par les équipes de Pixar d’après des oeuvres de recherches, esquisses réalisées en peinture numérique ou au pastel qui animées, nous questionnent sur le chemin de l’art numérique et achèvent de nous emporter avec eux dans l’univers Pixar…
Que vous dire de plus ? Le seul bémol que je peux apporter à cette exposition réside dans sa scénographie car je crois que j’aurais aimé un peu plus de folie, un grain d’excentricité dans le parcours. Mais à vrai dire, ce bémol est assez vite effacé au vu de la richesse des collections. Prévoyez bien 1h, 1h30 pour en faire le tour !
Bon, allez, prenez vite vos jambes à votre cou, je ne veux plus vous voir ici, filez au Musée Art Ludique, vous avez jusqu’au 2 mars 2014 !
*Pari réussi ? Les 10 bébés Pixar sont (sans parler des suites hein !) : Toy Story, 1001 pattes, Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Les indestructibles, Cars, Ratatouille, Wall-E, Là-Haut, et Rebelle !