Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? de P. de Chauveron

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron

Grosses ficelles mais potentiel charmant.

La semaine dernière, je suis allée voir Qu’est ce qu’on a fait au bon Dieu ? de Philippe de Chauveron. J’avais oublié de vous en parler sur Esperluette. Retour donc sur un film promis aux 5 millions d’entrées…

Claude et Marie Verneuil, couple bourgeois catho-gaulliste, espèrent que leurs quatre filles épousent des gens « bien comme il faut » pour perpétuer un schéma traditionnel qui les rassure… Pourtant rien ne se passe comme prévu.

BLAGUE CARAMBAR ? // Quoi de mieux que le prétexte d’un mariage pour réunir toute une grande famille ? Et quelle famille. Les Verneuil ont quatre filles dont trois se sont déjà mariées à… un juif, un arabe et un chinois. Alors quand la petite dernière veut épouser un catholique certes mais ivoirien… le film peut commencer ! On dirait une blague bien grasse et j’avoue que la première partie du film ne présageait rien de bon. J’ai eu peur. Peur d’une overdose de clichés, de gloussements trop attendus, d’un excédent de gras dans cette comédie au sujet on ne peut plus délicat aujourd’hui. Il faut dire qu’une fois de plus, la bande annonce ne servait pas le film. J’y allais comme on marche sur des oeufs. Et je ne serais sûrement jamais allée le voir en salle si le bouche à oreille n’avait pas aussi bien fonctionné…

Une fois mes craintes estompées, peu à peu le film se met en marche. Certes le scénario n’est pas toujours calibré comme il le faudrait (on est loin de 4 mariages et….), les rôles un peu déséquilibrés car ils laissent vraiment très peu le loisir aux filles Verneuil de s’exprimer, les cantonnant aux rôles de gentilles godiches (le pire étant la petite dernière)… mais voilà le charme opère quand même. Pourquoi ?

Certainement parce que les acteurs y croient plus que tout. Et il est vrai, comme on l’entend beaucoup dire, que Christian Clavier arrive à renouer avec son instinct comique. Moi qui était devenue plutôt allergique au personnage, j’ai été amusée de me voir rigoler à ses gesticulations. Chantal Lauby est quand à elle toujours aussi juste et porte une grande partie du film sur ses épaules. Enfin, parmi les gendres (pas très) idéaux, si Frédéric Chau, Medi Sadoun et Noom Diawara arrivent à s’en sortir joliment, je ne peux m’empêcher de penser que le film tient énormément grâce à la présence survoltante de Ary Abittan. Son pouvoir burlesque est sans fin. A l’image de son arrivée dans le film. Explosive, archi folle et donc très drôle.

Enfin, sur le message, le film tire bien entendu grossièrement sur tous les clichés, tout le temps et à tout azimut. Et prône de façon très (trop?) candide le mariage mixte, la tolérance. Ce qui lui donne un air un peu naïf et franchouillard, faisant de lui un film comique moyen. Le scénario et l’enchaînement des dialogues en ballottage. Mais au fond, on ne peut s’empêcher de relever que la morale de tout cela est plus que charmante. Maladroite mais juste. Au propos hautement louable. Et rien que pour cela, il fallait le saluer.

Trois bonnes raisons d’aller le voir tout de même : un propos optimiste, Ary Abittan et Chantal Lauby. Point. L’avez-vous vu ?

 

 

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron ©Arnaud Borrel
Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron ©Arnaud Borrel
Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron ©Arnaud Borrel
Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron ©Arnaud Borrel
Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, Philippe de Chauveron ©Arnaud Borrel

 

 

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, le site officiel

L’article du journal Le Monde

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Dans la cour, Pierre Salvadori

Dans la cour, Pierre Salvadori Catherine Deneuve Gustave Kerven

Huit clos qui prend l’eau.

Et bien voilà, j’ai été déçue par le film Dans la cour de Pierre Salvadori. Pourtant je suis plutôt bonne cliente de ce genre de huit clos, je suis aussi la première partante pour écouter une histoire dont les héros seraient des toqués ou des siphonnés du ciboulot, et  l’idée de faire une comédie dépressive me séduisait plus que tout… Les acteurs, Catherine Deneuve & Gustave Kerven en tête, sont vraiment sincères et empreints de bonne volonté. Pio Marmaï toujours aussi talentueux et  … beau-comment ça, ça n’a aucune valeur de critique cinéma?- …

… Mais voilà, l’histoire, même absurdement burlesque, autour de la fissure d’un mur ne suffit pas à filer la métaphore parfaite de la fêlure de toutes les âmes qui peuplent ce film. Le jeu tout en nuances de Catherine Deneuve n’y peut rien, les allusions à Truffaut non plus. Le scénario patine et nous aussi. Les dialogues, souvent creux, sonnent faux et l’histoire tourne en rond sans jamais atteindre la folie suggérée par ses personnages. Heureusement, les acteurs nous transportent avec grâce, un sourire aux lèvres parfois, tristement souvent, parmi les méandres de la dépression. Mais c’est sans compter sur l’ennui qui se pointe. Dommage.

 

Dans la cour, de Pierre Salvadori. Avec Catherine Deneuve, Gustave Kerven, Féodor Atkine, Pio Marmaï… 

Antoine est un peu perdu dans sa vie. Ses insomnies et sa dépression chronique le poussent à accepter un poste de gardien d’immeuble à Paris, se créant ainsi une tanière parfaite pour vivoter. Il y rencontre Mathilde, une jeune retraitée dont le grain de folie va lentement se développer et se creuser aussi profondément que la fissure dans son appartement…

 

Dans la cour, Pierre Salvadori Catherine Deneuve Gustave Kerven
Dans la cour, Pierre Salvadori
Dans la cour, Pierre Salvadori Catherine Deneuve Gustave Kerven
Dans la cour, Pierre Salvadori
Dans la cour, Pierre Salvadori Catherine Deneuve Gustave Kerven
Dans la cour, Pierre Salvadori
Dans la cour, Pierre Salvadori Catherine Deneuve Gustave Kerven
Dans la cour, Pierre Salvadori

 

 

Le site officiel de Dans la Cour

La rédaction du Monde, elle, a aimé le film, allez lire leur critique !

The place beyond the Pines, Derek Cianfrance

The Place beyond the Pines, Derek Cianfrance

Polar mélancolique inachevé.

C’est l’histoire de Luke, un gars un peu paumé, motard surdoué qui vend ses talents dans un numéro itinérant spectaculaire de motos en cage. Lorsqu’un un jour il retrouve une ex petite amie, il découvre à ses dépens qu’elle élève seule leur fils. Son fils. Luke décide alors qu’il va subvenir à leurs besoins… quitte à avoir recours à la méthode la plus primitive, celle des braquages et du délit…

Ryan Gosling. Un personnage mystérieux, au regard mélancolique et pas prolixe pour un sou. Cela ne vous rappelle rien ? Un petit effort ! Ajoutez à cela des plans longs et appuyés, une lumière qui enveloppe le charme sombre de Ryan Gosling jusqu’à le rendre solaire. Alors ? Oui, on y est. Drive. C’est que l’objet de la convoitise de Nicolas Winding Refn a attiré Derek Cianfrance, car le Luke de The Place beyond the Pines a sûrement hérité de quelque lien de cousinade avec le conducteur au cure-dent de Drive… Mais la ressemblance s’arrête là. Luke est plus amer, plus brut aussi, comme si les écorchures de son adolescence ne s’étaient jamais refermées. Ca commence avec les tatouages qu’arbore son corps, futiles, immatures et grotesques. Et c’est surtout le cas lorsque le gaillard décide d’assumer son rôle de père et prend le raccourci fatidique de braquer des banques pour gagner de l’argent afin de subvenir aux besoins de son fils, et aussi récupérer le coeur de son ex petite amie remise en couple…

The place beyond the Pines, c’est comme une fresque noire en trois actes. Un premier chapitre aussi fougueux que le personnage de Ryan Gosling, emmené par sa fureur d’avancer et la violence de ses actes. La quête de son fils et de Romina (Eva Mendès, touchante) en figure de proue. Poignant et bouleversant. Jusqu’à la mort de Luke. Assassiné par un flic ambitieux, joué sans faute par Bradley Cooper, qui se verra alors porté en héros. Et là malheureusement, le scénario se fait la malle… laissant les deux derniers chapitres s’écrouler, engloutis par trop d’ambition. Les ellipses temporelles sont mal placées et ne justifient pas pour autant les avancées dans le temps, beaucoup trop audacieuses. Si le deuxième chapitre peine à nous peindre comme il faut Avery, le flic joué par Bradley Cooper, nous laissant circonspects devant son avancée fulgurante sur l’échelle du pouvoir et de la politique, il oublie aussi d’expliquer en profondeur ses états d’âme pourtant au centre de la construction de son personnage. Rongé par le fait d’avoir tué Luke. Et coupable d’avoir laissé quelque part un fils grandir sans son père…

Alors lorsque le troisième chapitre clôture l’histoire sur un Bradley Cooper au sommet après avoir gravi les échelons du pouvoir grâce à son image de héros et avance la rencontre (tellement attendue) des fils de Avery et de Luke quinze ans après, là, on se dit que les 2h20 du film ne suffiront pas à rattraper les détails manquants d’une histoire qui ne prend pas.

The place beyond the Pines est définitivement un endroit mystérieux qui attire. L’american way of life y est trash et les codes intelligemment bousculés. Un charme mélancolique hélas pourri par un scénario qui s’effrite et ne tient pas la longueur. Dommage…

Mais je n’en resterais pas là ! J’ai lu que le précédent opus de Derek Cianfrance Blue Valentine était magnifique, je m’en vais de ce pas me pencher dessus …

 

The Place beyond the Pines, Derek Cianfrance
Ryan Gosling -Luke-
The Place beyond the Pines, Derek Cianfrance
Eva Mendès -Romina-

The Place beyond the Pines, Derek Cianfrance

The Place beyond the Pines, Derek Cianfrance
Bradley Cooper -Avery-
The Place beyond the Pines, Derek Cianfrance
Dane Dehaan & Emory Cohen -Les fils-

 

Le tumblr de The place beyond the pines

En ce moment sur les chaînes Canal+ & en DVD

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson

Le fabuleux destin de M. Gustave et de son lobby boy

Laissez vous conter l’histoire de Monsieur Gustave H. célèbre premier concierge au Grand Budapest Hôtel & de son garçon d’étage nommé Zéro Moustafa et… rêvez !

Direction les cimes des montagnes, là où la neige bruine, une contrée européenne de l’entre-deux-guerres, la nation fantasmée de Zubrowka. C’est là que Wes Anderson a décidé de planter son fabuleux décor et son étonnante galerie (très fournie) de personnages. Un concierge arty dandy à la rime facile, son garçon d’étage qui se révélera être son meilleur ami, une vieille dame à la richesse immense, une jeune pâtissière aux mains d’or… Et une intrigue quoique alambiquée, toujours aussi facile à suivre qu’une partie de Cluedo : un héritage avec des clauses pas bien définies, un fils prêt à tout pour récupérer le magot et une guerre qui menace. Ajoutez à tous ces éléments la folie grandiose de Wes Anderson, son goût pour les couleurs et chaque plan de ce film vous semblera être un petit tableau, une jolie beauté, que le réalisateur lui même s’amuse à nous laisser admirer en arrêtant le temps l’espace d’une seconde subliminale…

Devant la luxuriance des paysages, je vous vois déjà charger la voiture et programmer Germaine (votre GPS), direction toute sur Zubrowka. Sachez donc que Wes Anderson, après avoir longuement cherché où poser sa caméra, a opté pour la jolie ville de Görlitz, classée au patrimoine mondial de l’Unesco à la frontière de l’Allemagne, de la Pologne et de la République Tchèque. Et ce sont les intérieurs d’un ancien grand magasin qui ont prêté leurs atours au Grand Budapest. Pour la devanture extérieure, Wes Anderson a choisi de créer des maquettes, filmées de jour, en extérieur. Oui, vous pouvez applaudir. C’est d’ailleurs presque toute la ville de Görlitz qui a été investie par le tournage, ou ses environs. Car la prison est ainsi située à Zwickau, la divine pâtisserie Mendl’s et le Kunstmuseum à Dresde.

Les décors n’en manquent pas, les personnages et les situations non plus. Je parle d’humour. Une drôlerie pince sans rire, joliment désuète. Qui me touche tout particulièrement. The Grand Budapest Hotel, c’est une infinité de petits détails absolument charmants, une esthétique qui n’a rien à envier aux films d’animation car elle flirte avec joie vers le cartoon, un prestige et un enchantement soignés jusqu’à la musique, la photo, les costumes, les maquillages (Tilda Swinton à 84 ans quand même!), et chaque mouvement de caméra… Un film avec une atmosphère, un univers, une pâte. Et habité par une famille d’acteurs au top. Chacun trouve ici sa place avec précision. Ralph Fiennes est d’une délicatesse aussi précieuse que le parfum envoûtant qu’il porte (le fameux « air de Panache »), Adrian Brody est désopilant de méchanceté, Jude Law toujours aussi beau et Tony Revolori, pour la première fois à l’écran (de cinéma, car la télé il connaît) incarne Zéro à la perfection, un peu à la manière burlesque d’un Buster Keaton. J’aime. Impossible de ne pas fondre devant tant d’extravagance aussi savamment maîtrisée. Vous le sentez mon enthousiasme ? Oui ? Alors foncez en salles avant que The Grand Budapest Hotel ne soit plus programmé !

 

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson
M. Gustave H. & Zéro Moustafa
The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson
Zéro Moustafa & Agatha
The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson
Adrian Brody, le terrible et magistral héritier !

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson

The Grand Budapest Hotel, Wes Anderson
La Pâtisserie Mendl’s et la célèbre courtisane au chocolat, reproduite par Philippe Conticini

 

Le site fou fou fou du Grand Budapest Hotel 

Le site de Noze, qui s’est amusé à recréer le parfum de M. Gustave « L’air de Panache »

Le site du New York Times pour voir quelques photos de la construction des maquettes

La pâtisserie des rêves, de Philippe Conticini où l’on pourrait retrouver bientôt à la carte les fameuses courtisanes au chocolat d’Agathe (apprentie à la pâtisserie Mendl’s), que s’est amusé à reproduire le chef lors de l’avant-première du film…

 

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