Un moment si doux…
C’est une chouette exposition dont je vous parle aujourd’hui. Si elle rassemble presque 160 oeuvres d’un monstre de l’image, je l’ai trouvée plutôt intimiste, quasi confidentielle. Bien plus petite que je ne le pensais en fait. Une expo de l’intime. Comme s’il nous était possible d’accéder à des trésors cachés du photographe Depardon et cela sous le signe de la couleur. La couleur comme leitmotiv, comme fil rouge d’une oeuvre puissante et reconnue.
« Je ne savais pas que j’étais un photographe de la couleur. Elle était pourtant là. Dès les premières images », Raymond Depardon.
La scénographie, très épurée, nous guide de façon temporelle, d’une étape de la vie du photographe à une autre, d’un projet à un voyage…laissant chaque fois une trace photographique. Les couleurs de son enfance d’abord, de la ferme où il a vécu, puis la couleur des reportages qui l’ont conduit à Paris et à l’Etranger. Le Chili, Beyrouth ou la très belle série de Glasgow sont des infiltrations dans la vie. En marge des événements pour mieux capter la couleur du temps et la vibration des gens. Raymond Depardon choisit alors de s’éloigner du reportage, pour entrevoir une autre forme de document. Il laisse sa chance à « son premier regard »…et change ses manières de photographier. Habitué aux villes du sud et aux déserts, la ville de Glasgow l’oblige à revoir son approche. Plus méthodique, presque anthropologique, il s’attache aussi à imprimer la lumière si particulière des villes du nord, crue et froide, tellement intense. Cette série est une de mes préférées de l’exposition.
« La couleur est la métaphore de la curiosité » Raymond Depardon
Enfin, il faut attendre les années 2000 pour que la couleur s’immisce à nouveau dans le travail de Depardon. Elle n’est plus attachée à une quête journalistique mais à une expérience personnelle. Et c’est là aussi que l’exposition prend toute son envergure car en plus d’exposer des clichés non publiés jusqu’à présent, elle a aussi été le prétexte pour Raymond Depardon afin de retourner dans des villes qu’il affectionne (Hawaï, Ethiopie…) et de capturer des instants colorés comme autant de moments sensoriels. Sans contraintes. Une approche toute personnelle et inédite. Donc forcément touchante. Un moment si doux…
Exposition « Raymond Depardon, Un moment si doux », Grand Palais, Galerie Sud-Est, entrée Winston Churchill
Jusqu’au 10 février 2014
Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 10h à 20h, et nocturne jusqu’à 22h le mercredi.
Toutes les informations sur le site du Grand Palais