Conte de fée déglingué.
Il était une fois une jeune fille si belle que tout le monde l’aimait… Et non ! Ca, c’est le rêve de Morue, dont les traits si vilains et son odeur répugnante lui ont valu ce surnom indécrottable. Alors, lorsque Morue croise le chemin de la fée Mab, et que celle-ci, pas si attentionnée que ça, lui propose un voeu ; c’est sans aucune hésitation que Morue demande la beauté… Mais ce voeu réussira-t-il à faire de Morue une princesse aimée de tous ?
J’étais attirée depuis un moment par le dessin volubile et rond de la trilogie de bandes dessinées « Beauté ». Et bien, je vous invite vivement à tourner les pages de cette histoire tant son inventivité et le rendu graphique m’ont plu. Kerascoët, c’est un duo de dessinateurs (Marie Pommepuy et Sébastien Cosset) et alliés au scénariste et coloriste Hubert, ils ont mis les formes avec humour de ce conte de fée complètement extravagant. Soumis aux règles tous publics d’une pré-publication dans le journal Spirou, ils faut quand même souligner la dextérité avec laquelle ils manient le 2d degré afin de parler aux plus jeunes comme aux adultes. Le conte comporte toutes les notions de genre avec ses fées, des destinées tragiques et des princes en guerre… mais c’est aussi une histoire bien plus contemporaine qui est abordée. La notion de beauté, ou plus précis encore, la perception de la beauté par les autres. Sujet très actuel non ? Sans oublier la sempiternelle question « Serais-je plus heureuse si j’étais plus belle ? » qui trouve là une sacrée profondeur…
J’ai donc aimé le sujet, contemporain et indémodable. J’ai aussi été séduite par les influences présentes dans le récit, oscillant entre les contes de mon enfance (Le sanguinaire roi Sanglier a définitivement des ressemblances avec celui du Roi et l’Oiseau de Paul Grimault & la noirceur du récit rappelle les vieux contes des frères Grimm…) et un rendu stylistique très épuré, actuel & novateur. Car la pauvre Morue, qui restera en fait bien moche, n’aura de beauté qu’une apparence. Toute la prouesse du dessin et du scénario tient donc dans le changement habile d’apparence de l’héroïne, tantôt Morue déplaisante, tantôt Beauté ensorcelante en fonction de qui la voit. Un conte bien noir et faussement naïf, un dessin magnifique et malin, Beauté a bien tous les traits de séduction pour qu’on plonge avec elle…
Et vous, quel serait votre voeu à la fée Mab ?
Beauté (Tomes 1, 2, 3), Kerascoët & Hubert, Ed. Dupuis, 14,50€
Un article très intéressant de Télérama, où le duo de dessinateurs Kerascoët commente trois planches de Beauté.
Le site du duo de dessinateurs Kerascoët
Le site & la page facebook des Editions Dupuis
J’aime beaucoup la couverture du tome II, ça me fait penser à des peintures de Klimt et des illustrations de Mucha…
Ah oui en effet y’a un peu de ça ! Et les dessins sont vraiment une grande force de cette BD…
Douce fée Mab, je souhaite avoir le temps de les lire dans un futur proche…
Fais tes devoirs avant ! Ahah… Mab n’est peut-être pas aussi gentille que l’on croit…