L’inspecteur qui avait toujours raison…
Et c’est justement ce qui me fâche un peu dans Le Pacte, second opus du duo d’écrivains suédois Lars Kepler (Alexandra Coelho Ahndoril & Alexander Ahndoril). Ce sont aujourd’hui trois romans policiers nordiques qu’ils ont écrit du bout de leur plume à deux têtes, que j’ai tous lus -dans le désordre-, et dont les deux premiers dévorés l’Hypnotiseur et Incurables m’avaient ravie. Le Pacte est hélas un peu en dessous. Retour sur ses faiblesses…
L’inspecteur Joona Linna est de retour avec une nouvelle enquête. Et il a du boulot en perspective ! Un bateau est retrouvé échoué avec une femme morte à bord, deux autres personnes sont portées disparues dans l’archipel des îles scandinaves avec à leur trousse un tueur d’élite. Au même moment, Carl Palmcrona, l’homme en charge de valider les contrats d’armement de la Suède est retrouvé pendu. Et si ces deux affaires étaient liées ?
Alors, quelle est la fêlure de ce pacte ? Car pourtant, il y a de l’action dans ce livre. Une course effrénée contre la mort, la survie en ligne de mire. Un suspense qui tient son lecteur et des histoires imbriquées. L’écriture est elle aussi fluide, facile, réaliste et appliquée. L’ambiance scandinave, que j’ai tant à coeur et qui se prête si bien aux polars, est présente bien qu’en filigrane. Mais voilà, je crois que le personnage de Joona Linna manque dans cet opus d’un peu de profondeur… J’avais aimé son originalité et ses manières peu ordinaires dans l’Hypnotiseur, son passé caché peu à peu dévoilé dans Incurables mais voilà, cette étape de sa vie et l’ébauche de son personnage ne me touche pas autant dans Le Pacte. Peut-être est-ce parce que j’ai appris à le connaître « dans le désordre » mais mon petit doigt me dit que c’est plutôt son omniscience démesurée et son flair qui a toujours raison qui me mettent les nerfs en pelote… C’est vrai, comment ne pas être désabusée lorsque l’inspecteur a toujours le nez fin ? Ah ce grand et beau Joona, au regard bleu acier, maître de ces dames et qui mène de front l’enquête quasiment seul sans jamais se tromper (mais à quoi sert le personnage de l’inspectrice de la Sapö Saga Bauer, à la beauté démesurée, si ce n’est pour rappeler à quel point Joona Linna est intuitif et implacablement juste ?). Franchement, si il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Dans la vie, ça n’existe pas ce genre de personne, non ? Ah si, Joona a UNE faiblesse, il a des migraines fulgurantes. Enfin, aucun souci à avoir, cela n’affectera en rien son enquête. On est soulagés.
Bref, dans la trilogie Kepler, je vous conseille de zapper l’étape Le Pacte, qui bien que se lisant agréablement, ne vaut pas l’étape suivante Incurables. Et si vous aimez les romans policiers venus du nord, enfilez votre doudoune en poil de caneton pour filer sur l’île du Svalbard en Norvège où le polar frigorifique de Monica Kristensen « Le Sixième Homme » est une véritable petite tuerie (sans aucun mauvais jeu de mots), Camilla Läckberg quant à elle, vous attend à Fjällbacka en Suède et je vous propose de découvrir mon avis sur son dernier roman policier « Le gardien de phare », dont les histoires sont toujours aussi agréables à lire…
Le Pacte, Lars Kepler, Ed. Actes Sud, Coll. Babel Noir 9,80€
La page de présentation des auteurs chez Actes Sud
Et pourquoi il faut que vous lisiez Incurables, mon avis par ici !