Fjällbacka & ses îles, une Suède aussi attractive qu’inquiétante…
L’écrivaine suédoise la plus lue au monde a encore frappé ! 7è tome des aventures d’Erica Falck & de Patrick Hedström, Le gardien de phare comptera parmi mes petits préférés de Camilla Läckberg.
C’est les mains en sang que Annie s’enfuit avec son fils pour se réfugier sur la minuscule île de Graskär, au large de Fjällbacka. De leur côté, Patrick Hedström et son équipe vont devoir travailler dur pour démêler les ficelles d’un nouveau meurtre. Mats Sverin a en effet été retrouvé mort à son appartement. A priori aimé de tous et revenu dans sa ville natale de Fjällbacka pour travailler à la réouverture du spa de la ville, son passé à Göteborg se révélera pourtant pleins de mystères. Et c’est sans compter sur sa visite nocturne à son amour de jeunesse, Annie, sur l’île de Graskär, quelques jours avant d’être retrouvé assassiné… Une affaire qu’Erica Falck, écrivaine et épouse de Patrick, ne pourra s’empêcher de suivre jusqu’à y fourrer son nez, pour notre plus grand plaisir. Son intuition est maintenant légendaire…
Un écriture à suspense
Si certains reprochent à Camilla Läckberg une écriture prévisible et un manque de noirceur dans ses récits, je ne peux m’empêcher de penser qu’il est surtout très agréable de retrouver ses personnages, qu’elle a pris à coeur de nous faire connaître jusqu’à créer un inévitable manque dès la dernière page du livre tournée. Moins sanglante qu’un Lars Kepler ou pire comme un Mons Kallentoft, elle ne refuse jamais de traiter de problèmes aussi actuels que la maltraitance des femmes et les violences domestiques de manière frontale et crue. Utilisant les récits imbriqués, les destins se suivent, en parallèle, pour peu à peu se rejoindre et se croiser. C’est cette construction, alternant également flash-backs dans le passé et récits actuels qui crée un suspense permanent. Des bribes d’informations nous sont lâchées au compte goutte et l’enquête de Patrick patine souvent. L’effort des policiers se ressent dans l’écriture, nous sommes aussi impatients qu’eux de découvrir la fin. Et le rythme se fait crescendo dans les livres de Camilla Läckberg. Bien souvent, ce n’est que dans le dernier quart du livre que les choses s’accélèrent jusqu’au dénouement, toujours bien ficelé. Mais avant d’y arriver, vous aurez succombé à la magie de l’écriture, une page se tourne et vous ne pouvez plus vous arrêter, il vous faudra savoir. Toujours plus. Allez, encore une page…
Des personnages attachants
Impossible de ne pas faire le lien, Erica Falck est aussi écrivaine que Camilla Läckberg et toutes deux mariées à un inspecteur de police, dans le récit Patrick Hedström, et au quotidien à Martin Melin. La personnification est d’autant plus évidente que tous les romans se situent à Fjällbacka, au nord de Göteborg, la petite ville où est née et où vit encore l’auteure. Avec Le gardien de phare, ce ne sont pas moins de 7 opus de la série que nous suivons, et avec eux, toute une vie liée aux personnages principaux. Ils ont eu le temps de faire des enfants, de vivre des drames familiaux, de refaire des enfants, avoir des problèmes de santé… Encore et toujours, les romans de Camilla Läckberg trouvent aussi leur énergie grâce à des chapitres alternés entre enquête policière et tranches de vies. Dans Le gardien de phare, nous retrouvons Erica Falck en action sur tous les fronts, maintenant maman de jumeaux et de la petite Maja, elle doit aussi soutenir sa soeur après son terrible accident qui lui a causé la perte de son bébé. Sans compter sur les nouvelles que va lui rapporter son mari Patrick du commissariat, un nouveau meurtre et le mystère de « l’île aux esprits », c’est bien assez pour lui donner envie de lancer de nouvelles recherches, et sans s’en apercevoir, aider encore une fois la police… Les personnages secondaires sont eux aussi toujours autant chéris. Comme des copains de colonie qu’on ne voie qu’une fois l’année, on est heureux de retrouver Bertil Mellberg, Paula, Martin, Gösta et les autres. Finalement, c’est comme une petite famille que l’on retrouve avec plaisir, forcément peut-être plus complice avec les lecteurs qui ont suivi les aventures précédentes mais accessible aussi à tout nouveau venu.
Un paysage lui aussi personnage
La Suède. Fjällbacka. Et Graskär, la minuscule petite île, « l’île aux esprits »…
J’ai comme un faible pour les romans policiers nordiques, et particulièrement les suédois. Il y règne une atmosphère si spéciale, où les paysages et le climat tiennent un rôle tellement important qu’ils conditionnent notre façon de vivre le récit. Bien souvent, la description qui en est faite est telle qu’on les considère presque comme des personnages. Il y fait froid, l’eau est omniprésente, parfois c’est la forêt de sapins qui prend place, ténébreuse et inquiétante…la nature est pleine et superbe, écrasante et dévorante. Dans les romans de Camilla Läckberg, tout tourne autour de la petite ville portuaire de Fjällbacka et de ses nombreuses îles. Erica Falck, tout comme son auteure d’ailleurs, prend toujours un certain plaisir à arpenter sa ville, admirative de sa beauté. Dans Le gardien de phare, l’histoire se tourne aussi vers l’eau, les îles, ou plutôt celle de Graskär, une île infiniment petite, dont on raconte que les personnes qui y trouvent la mort y demeurent à jamais, errant. La fameuse « île aux esprits » chatouillera la curiosité d’Erica Falck, tout comme la notre…
Le monde de Läckberg
En Suède, Camilla Läckberg, c’est presque devenu une marque. La jeune femme est aujourd’hui lue à travers le monde et tirant profit de son passé d’économiste, elle est aussi une vraie femme d’entreprise(s). Fidèle à sa région et à sa ville natale, c’est à Fjällbacka qu’elle a implanté les studios de tournage Läckberg, où est tournée la série tv (librement) adaptée des romans, Meurtres à Fjällbacka. Des films sont aussi en projet. Elle a également écrit un livre sur les curiosités culinaires de sa ville et un circuit touristique portant son nom est désormais disponible… L’année dernière, elle s’est même essayée au tcha-tcha et la salsa dans la version suédoise de « Danse avec les stars », arrivée 4è du classement tout de même…
Si l’âpreté n’est pas le qualificatif le plus flagrant pour parler de l’écriture de Camilla Läckberg, je retiendrais pour ma part le côté attachant de ses personnages, et l’envie qu’ils me donnent de les suivre, encore et toujours dans leurs aventures. Pour cela, Le gardien de phare ne m’a pas déçue. Une histoire découpée intelligemment, une atmosphère pesante et insulaire, un dénouement travaillé et inattendu : merci et à bientôt Erica & Patrick !
- Le site officiel de Camilla Läckberg
- La page facebook de Camilla Läckberg
- Le site de l’office du tourisme en Suède, pour mieux connaître Fjällbacka et le monde de Camilla Läckberg
Pour moi, en termes de polar nordique, il y a bien mieux (ah, le délicieux et si torturé commissaire Erlendur !) et pourtant, il y a dans les romans de Camilla Lackberg quelque chose qui rend terriblement accro… Je viens de finir le 3e opus, bien décidée à poursuivre !
http://mespetitsbouquins.blogspot.fr/2015/03/le-tailleur-de-pierre-de-camilla-lakberg.html
J’avoue que j’ai lu, mais de loin, de peur d’en apprendre trop sur Erika et Patrick. Je n’ai lu, pour le moment, que « La Princesse des Glaces » et « Le Prédicateur ». J’ai beaucoup aimé, je compte me faire la saga en son entier 😀
J’aime beaucoup les polars nordiques, comme on dit, j’avais dévoré Millenium et depuis j’ai découvert d’autres auteurs comme Arnaldur Idridasson et j’aime beaucoup ce style ; assez loin des polars américains, c’est une toute autre atmosphère et elle est assez plaisante je trouve 🙂
Millenium était en effet au top. Il faut que je me mette à lire (l’islandais non ?) Arnaldrur Idridasson, on m’en a dit que du bien et il fait partie des plumes (re)connues dans le polar nordique. Moi j’aime vraiment bien cette manière de se servir du paysage, du climat…comme partie intégrante de l’atmosphère et du récit. Je trouve que c’est vraiment une caractéristique de ce courant venu du cercle polaire 😉 En tout cas, tu as bien raison de te faire l’intégrale des Läckberg, ils sont tous bien. J’ai bcp aimé « L’Oiseau de mauvaise augure » et « La Sirène » dans les derniers. Bonne lecture à toi alors !
Idridasson doit être islandais il me semble, j’ai un autre auteur venant du nord en tête mais incapable de me souvenir de son nom ; je les distingue car Idridasson est un nom typiquement islandais (même si on peut retrouver ça en Suède par exemple). Cependant, ma préférence va clairement à Läckberg, j’arrive mieux à m’immerger dans ses bouquins, et vivement la suite !
Si tu aimes Läckberg, tu aimeras les bouquins de Lars Kepler (un couple d’écrivains), suédois aussi ! Prends les dans l’ordre, c’est mieux. « L’hypnotiseur », « Le Pacte » puis « Incurables ». C’est top. Merci pour tes commentaires en tout cas. 😉
Et oui, toujours un plaisir de retrouver Erica & Patrick qui viennent, dans un style totalement différent, nous faire oublier l’autre super duo Kenzie & Gennaro!
Rrrrraa Kenzie & Gennaro, un duo de choc. Inoubliables.