Small Stories de David Lynch, Maison de la Photographie

Small Stories, David Lynch

Dis moi de quoi tu rêves, je te dirais…

David Lynch est cinéaste, ça, tout le monde le sait. Mais il est également plasticien, photographe, designer et même musicien… En 2007, la Fondation Cartier présentait une des plus importantes expositions qui ait été consacrée aux oeuvres plastiques de David Lynch, sous le nom de « The Air is on Fire ». Déjà, son univers imprégnait la réalité d’une douce mélancolie propre à l’imaginaire de l’artiste. Avec Small Stories, la Maison Européenne de la Photographie Continuer la lecture de « Small Stories de David Lynch, Maison de la Photographie »

A Suspicious River, Laura Kasischke

A Suspicious River, Laura Kasischke

Eaux troubles.

Maintenant habituée à l’écriture de Laura Kasischke, je la savais toujours en proie au malaise, habitée des fêlures du passé, navigant en eaux troubles… Alors que je termine son premier roman, A Suspicious River, je ne peux m’empêcher de constater qu’il porte déjà en lui tous les thèmes d’écriture qu’elle travaillera par la suite. Continuer la lecture de « A Suspicious River, Laura Kasischke »

Le loup de Wall Street, Martin Scorsese

Le loup de Wall Street, Martin Scorsese leonardo di caprio

Attention, chien méchant.

Adaptation du livre autobiographique de Jordan Belfort, histoire d’une ascension plus que vertigineuse d’un jeune trader au coeur de Wall Street, à coup d’idées folles pour gains immédiats, sex & drugs en plus. Et de sa chute…

La folie entre Scorsese et DiCaprio a du bon. C’est qu’ils aiment affronter ensemble des personnages carrément névrosés : le toqué Howard Hughes dans Aviator, la psychose des Infiltrés, ou le très dérangé US Marshal de Shutter IslandLe loup de Wall Street n’échappe pas à la règle et plus que jamais, le duo touche du doigt un matériau plus que sensible. De la démence pure. Frénétique et déraisonnée. Un loup méchant et répugnant, terriblement fascinant… Continuer la lecture de « Le loup de Wall Street, Martin Scorsese »

Suzanne, Katell Quillévéré

Suzanne, Katell Quillévéré

Histoire de vie.

C’est la vie de Suzanne, attrapée par son destin, éprise de liberté jusqu’à épuisement. Un portrait de vie parmi ses proches, les liens qui les unissent. Sa soeur. Son père. Son fils. Et son amour. Destructeur.

Voilà un film qui n’a pas peur d’affronter la brutalité d’une vie. Celle de Suzanne. Du lien fusionnel qu’elle entretient avec sa soeur, de sa grossesse alors qu’elle est encore adolescente, à l’apparition d’une histoire d’amour dont elle ne pourra pas échapper, le destin de Suzanne trébuche, tombe, puis se relève et continue malgré d’avancer. Je crois que si le film m’a autant plu, c’est grâce au jeu subtil de ses acteurs, sa construction intelligente & une esthétique humble et épurée.

Des acteurs au top

Bon, autant le crier haut et fort, oui, les acteurs de ce film sont aussi justes que touchants, ils emplissent le film de vie et nous emportent avec eux. Et c’est un des points forts de cette histoire. François Damiens, Sara Forestier & Adèle Haenel habitent leurs personnages avec précision et forment une famille à laquelle on s’accroche dès les premières minutes. D’abord un pn père, souvent absent car routier, mais qui entretient un lien fort avec ses filles, sûrement renforcé parce qu’il a du les élever seul. François Damiens, touchant, en retenue, saisit nos émotions et nous étonne avec plaisir dans ce rôle qu’il habite parfaitement. Et puis il y a les deux soeurs fusionnelles. Et il fallait y croire, à cette union indestructible entre Suzanne et Maria. Sara Forestier s’empare avec force et pudeur de cette Suzanne et  joue sans cesse sur le fil pour nous emmener sans ménagement dans ses tribulations. Elle a toujours une longueur d’avance sur nous, elle nous étonne, nous effraie et nous bouleverse en un souffle, un regard. Adèle Haenel, elle, a construit une Maria toujours dans l’attente des actes de sa soeur, mais pourtant solide, pêchue et courageuse. Car on s’en doute très vite, c’est elle qui prendra les responsabilités pour sa soeur aînée. Face au personnage très fort de Suzanne, Adèle Haenel a tirer son épingle du jeu. Sa Maria est audacieuse et m’a particulièrement plu.

Une structure en ellipses

Katell Quillévéré a choisi de nous laisser imaginer. Et c’est là toute la finesse de ce scénario car en plaçant des ellipses tout au long du film (Suzanne enceinte à Suzanne mère d’un enfant de trois ans par exemple), elle crée de l’action en hors champ. Alors forcément, pour les acteurs, c’est un pari osé à relever car ils doivent jouer avec des sentiments qui n’ont pas été montrés à l’écran mais le résultat en vaut la peine. Car le film nous oblige à composer et construire ce qu’a vécu Suzanne, ou ses proches. Et bizarrement on amplifie. Donc on s’émeut. C’est ainsi mille et un sentiments qui traversent les yeux de Sara Forestier que l’on s’empresse d’imaginer. Le scénario utilise aussi ces ellipses pour créer du lien entre les personnages, et notamment entre les deux soeurs. C’est un parallèle très intéressant qui oscille entre elles deux, montrant tour à tour leurs maladresses, leurs chutes et comment elles s’entraident toujours à se relever. Une véritable force. De même, l’ellipse sert à éviter les lieux communs du cinéma. On ne verra donc pas la cavale de Suzanne, sujet bien trop traité aux yeux de Katell Quillévéré, qui préfère évoquer (tant mieux pour nous) tout l’aspect psychologique des retombées après un tel acte, de la force d’un amour infernal pour ces femmes, comme Suzanne, qui aiment les hors la loi. La réalisatrice s’est pour cela inspirée des biographies des épouses d’ennemis publics, et elle en tire une toute nouvelle facette. L’attraction, à la façon d’un aimant vers ce qui va faire mal… Rare.

Une esthétique épurée

De l’hyper réalisme, une réalisation construite pour les acteurs. J’ai aimé cet aspect transparent à l’oeil de la composition, pourtant si travaillé. Un aspect quasi documentaire pour que les personnages soient toujours un peu plus servis par le décor. Toujours dans cette volonté de réalisme, Katell Quillévéré a choisi un amateur pour interpréter le rôle de Julien, l’amour dévastateur de Suzanne. Encore un enjeu osé qui donne, parce qu’il est réussi, une profondeur toute autre au film. Une fausse simplicité qui laisse s’imprimer de beaux tableaux au fil de l’histoire…

Un film humble et touchant, Suzanne attache, transporte et trouble.

 

Suzanne, Katell Quillévéré

Suzanne, Katell Quillévéré

Suzanne, Katell Quillévéré

Suzanne, Katell Quillévéré

Suzanne, Katell Quillévéré

Suzanne, Katell Quillévéré

 

Le site officiel de Suzanne

 

Et si vous avez aimé ce film, je ne peux que vous recommander le destin de vie de Fish Tank, une autre chronique réaliste très subtile Fish Tank, la vie de Mia, sa mère, sa soeur, sa volonté de danser et surtout l’arrivée du nouveau petit ami de sa mère…

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Guillaume et les garçons… au lit !

Guillaume et les garçons, à table ! de Guillaume Gallienne

Divan de cinéma pour psychothérapie très personnelle. 

« Guillaume et les garçons, à table ! », le refrain assené quotidiennement par sa mère, Guillaume l’a intégré. Et comme une métaphore du schéma familial dans lequel il a grandit, cette phrase l’a plongé dans une lente réflexion sur son identité. Pourquoi distinguer les « garçons » de sa propre personne ? Serait-ce parce qu’il est en fait une fille ? Une fille qui aimerait les hommes ? Ou bien juste un homme qui aime les hommes ? Est-ce lui ou ses proches, et sa mère en premier lieu, qui ont façonné sa personnalité ? Allongez vous, après sa psychanalyse au théâtre, Guillaume Gallienne poursuit la thérapie au cinéma !

Ma curiosité était touchée, Guillaume et les garçons, à table ! avait divisé les foules, emporté tout ce petit monde au cinéma et bien fait parlé. Trop peut-être. C’est bien là mon paradoxe, j’aime quand on me parle des films mais trop non plus. Au risque de m’écoeurer. Compliquée ? Non… Bref, j’ai retrouvé ma séance de 10h20 et mon petit papi qui pète (rappelez-vous… la projection épique du Casse-Tête Chinois) pour entrer en psychanalyse aux côtés de Guillaume Gallienne. Heureuse d’assister à un jeu plus que millimétré du comédien -est-il nécessaire de rappeler que le prodige est aussi sociétaire de la Comédie Française- j’ai été saisie par cette justesse, ce sens du rythme et de l’introspection de Guillaume Gallienne. Contrairement à la pièce de théâtre éponyme où il endossait tous les rôles, il se contente, sûrement pour notre plus grand plaisir dans ce film, de jouer son propre rôle (déjà un sacerdoce) mais aussi surtout celui de sa mère. Performance de haut vol. Applaudissements des deux mains. Et voilà pourquoi malgré mon désenchantement, voire mon hermétisme final à ce film, je ne suis pas repartie bredouille de cette projection. Je retiendrais cette prouesse, l’exactitude du jeu, l’originalité du ton et quelques scènes franchement drôles. Et j’essaierais d’oublier le point de vue peut-être trop personnel, quelques longueurs plates plates plaaates, la construction du film en enfilade de sketchs qui empêche la progression de l’empathie et enfin, j’oublierais, si c’est possible, ce drôle de sentiment à la sortie du film : « Bon, heureuse pour lui qu’il aille mieux et que sa psychothérapie l’ait aidé, ah oui je suis vraiment contente pour lui mais bon… Est ce que ça en fait un film de cinéma pour autant ? » Un film thérapeutique sûrement un brin trop personnel, qui malgré de belles qualités, peine à me toucher…

Guillaume et les garçons, à table ! de Guillaume Gallienne
@ Thierry Valletoux  Gaumont – Rectangle Productions – LGM Cinéma
Guillaume et les garçons, à table ! de Guillaume Gallienne
@ Thierry Valletoux  Gaumont – Rectangle Productions – LGM Cinéma
Guillaume et les garçons, à table ! de Guillaume Gallienne
@ Thierry Valletoux  Gaumont – Rectangle Productions – LGM Cinéma

 

Le site officiel du film